« De la culture d’assistance vers une culture de co-production »
À la fin de l’exercice 2016 notre préoccupation principale se porte bien sûr sur les festivités du 50ème anniversaire de l’APEMH en 2017. Or, même en mettant l’accent sur la situation momentanée ainsi que sur les visions d’avenir ambitieuses, il ne faut pas manquer l’occasion de diriger un regard vers le passé, à savoir sur l’époque pionnière de l’APEMH afin de pouvoir apprécier le travail de développement remarquable, accompli pendant les 50 dernières années.
Pareille revue rend clairement visible 2 phénomènes : – la motivation, respectivement l’objectif principal n’a pas changé essentiellement : Lutte contre l’exclusion, engagement pour l’inclusion dans la société ainsi que la prestation d’une gamme variée de structures et de services assurant une qualité de vie optimale. Contrairement à cela, notre point de vue ainsi que notre approche ont changé de façon fondamentale, à savoir l’abandon de la culture d’assistance en faveur de la culture de participation égale et d’autodétermination : Les personnes en situation de handicap intellectuel ne sont plus l’objet d’un encadrement, mais deviennent des sujets de droits et agissantes, c.-à-d. des personnes dont la situation de vie était jusqu’à présent décidée par des tiers, sont désormais considérées comme des acteurs autonomes et doivent ainsi obtenir les ressources nécessaires pour poursuivre ce projet. Voilà pourquoi lors de l’année dernière, l’APEMH a lancé un nouveau projet nommé ENABLE (« qualifier quelqu’un pour quelque chose ») en collaboration avec les pays partenaires à savoir la Belgique, l’Espagne, l’Italie et l’Autriche.
Cela se fait sous la devise : « from a culture of caring to a culture of co-production ». À cet égard, nous ne nous concentrons plus sur les besoins des bénéficiaires, mais sur leurs compétences, leur potentiel ; ils doivent se rendre compte de leurs forces, doivent reprendre la maitrise d’eux-mêmes ; ils sont les experts de leur propre situation de vie. Concernant ce processus d’« empowerment » les professionnels ont désormais la mission de les accompagner. Ce n’est donc plus de leur devoir de penser et de décider pour les bénéficiaires, mais ils doivent agir ensemble avec eux. Ainsi, lors de la mise en place d’un nouveau service par exemple, les bénéficiaires et professionnels se réunissent, réfléchissent, planifient, décident et évaluent tous ensemble, chacun en y apportant ses compétences. Voilà l’essence de la co-production mentionnée ci-dessus : construire ensemble et non pour quelqu’un.
C’est avec cette philosophie que nous répondons à une des revendications proclamées par les personnes en situation de handicap intellectuel elles-mêmes :
« Rien sur nous, sans nous ! »
Roland ANEN
Président de la Fondation APEMH